Dom Robert, "Mille fleurs sauvages", tapisserie d’Aubusson, 1961 2 x 2,95m)
C’est un véritable scandale tellement il y a peu de visiteurs pour la nouvelle exposition des Gobelins, Gobelins par nature – Eloge de la verdure XVIe-XXIe siècle !
Or c’est une exposition à ne pas manquer : une explosion de couleurs à faire oublier la grisaille du temps au-dehors et à laisser bouche bée devant la splendeur des pièces présentées.
De fait, le curieux est littéralement assailli par l’exubérance des teintes et des styles qui l’attendent sur deux niveaux. Le parcours organise une promenade dans un jardin enchanté qui confronte les siècles (de « mille-fleurs » en « séries des saisons »), les techniques (tapisseries, mais aussi tapis, tissage d’ameublement, ouvrages en dentelle du Puy en Velay) et les sujets (arbres, fleurs, jardins). La présentation souligne également la diversité de point de vue des artistes : l’impressionnisme de Monet en tableau ou sur méridienne par Paul-Armand Gette, ou la pixélisation de Christophe Cuzin en carrés de 2cm par 2cm, le fondu des Anciens ou la touche large de peintre de Gerard Traquandi. Chose inhabituelle et fort instructive, certaines œuvres sont en outre accrochées de façon à montrer leur revers : les brins de laine longs de Fruits, fleurs, poissons d’Yves Oppenheim font ainsi hésiter sur le côté le plus séduisant…
Il faudrait citer toutes les œuvres puisque aucune ne dépare les autres. La scénographie (qui plus est, arborée et fleurie) proposée par la conservatrice Marie-Hélène Massé-Bersani les met comme rarement en valeur, en appariant une série de Lebrun (particulièrement fraîche et rose) à une de Lurçat (non moins étonnante par ses coloris alors qu’elle a été réalisée pendant la Seconde Guerre mondiale), ou des verdures bleuies par le temps (dont une extraordinaire Verdure à feuilles de choux des Flandres dans laquelle on peut s’amuser à chercher Charlie… la pie) avec des tentures d’Etienne Hadju dans les mêmes teintes (Jardin bleu, Beauvais, 1988)…
Une pièce séparée offre en outre une carte blanche à Eva Jospin : une forêt entière (7m sur 3,5 tout de même)… sculptée en carton déchiqueté qui fait penser aux œuvres d’Anselm Kiefer ou aux forêts romantiques allemandes présentées actuellement au Louvre.
C’est un régal des yeux et on ne sait plus quoi préférer de ces frondaisons ou de ces herbes folles. Seul regret : qu’on ne puisse pas se rouler à loisir sur ces tapis et ces fauteuils fleuris…
Paris, Galerie des Gobelins, jusqu’au 19 janvier 2014 (fermé en août).
Site avec présentation vidéo et un dossier de presse très riche (présentation des artistes et photographies), couplé à une présentation des manufactures : http://www.mobiliernational.culture.gouv.fr/fr/expositions/actualites
Or c’est une exposition à ne pas manquer : une explosion de couleurs à faire oublier la grisaille du temps au-dehors et à laisser bouche bée devant la splendeur des pièces présentées.
De fait, le curieux est littéralement assailli par l’exubérance des teintes et des styles qui l’attendent sur deux niveaux. Le parcours organise une promenade dans un jardin enchanté qui confronte les siècles (de « mille-fleurs » en « séries des saisons »), les techniques (tapisseries, mais aussi tapis, tissage d’ameublement, ouvrages en dentelle du Puy en Velay) et les sujets (arbres, fleurs, jardins). La présentation souligne également la diversité de point de vue des artistes : l’impressionnisme de Monet en tableau ou sur méridienne par Paul-Armand Gette, ou la pixélisation de Christophe Cuzin en carrés de 2cm par 2cm, le fondu des Anciens ou la touche large de peintre de Gerard Traquandi. Chose inhabituelle et fort instructive, certaines œuvres sont en outre accrochées de façon à montrer leur revers : les brins de laine longs de Fruits, fleurs, poissons d’Yves Oppenheim font ainsi hésiter sur le côté le plus séduisant…
Il faudrait citer toutes les œuvres puisque aucune ne dépare les autres. La scénographie (qui plus est, arborée et fleurie) proposée par la conservatrice Marie-Hélène Massé-Bersani les met comme rarement en valeur, en appariant une série de Lebrun (particulièrement fraîche et rose) à une de Lurçat (non moins étonnante par ses coloris alors qu’elle a été réalisée pendant la Seconde Guerre mondiale), ou des verdures bleuies par le temps (dont une extraordinaire Verdure à feuilles de choux des Flandres dans laquelle on peut s’amuser à chercher Charlie… la pie) avec des tentures d’Etienne Hadju dans les mêmes teintes (Jardin bleu, Beauvais, 1988)…
Une pièce séparée offre en outre une carte blanche à Eva Jospin : une forêt entière (7m sur 3,5 tout de même)… sculptée en carton déchiqueté qui fait penser aux œuvres d’Anselm Kiefer ou aux forêts romantiques allemandes présentées actuellement au Louvre.
C’est un régal des yeux et on ne sait plus quoi préférer de ces frondaisons ou de ces herbes folles. Seul regret : qu’on ne puisse pas se rouler à loisir sur ces tapis et ces fauteuils fleuris…
Paris, Galerie des Gobelins, jusqu’au 19 janvier 2014 (fermé en août).
Site avec présentation vidéo et un dossier de presse très riche (présentation des artistes et photographies), couplé à une présentation des manufactures : http://www.mobiliernational.culture.gouv.fr/fr/expositions/actualites
Jacques Monory