Parce que Mercier a été dramaturge tout au long de sa vie, son théâtre projette un éclairage essentiel sur le reste de son œuvre. Certes ses pièces valent souvent plus par l’avenir du théâtre qu’elles dessinent. Mais c’est bien incontestablement un seul et même écrivain qui nous a donné son théâtre et ses autres ouvrages plus connus. On peut suivre partout chez Mercier aussi bien dans la « théorie de l’art » que dans la « pratique » (pour reprendre ses propres termes) le fil rouge d’une même poétique qui se caractérise par une étonnante liberté. Pour lui, le « drame » désigne simplement une « action », c’est-à-dire un genre de théâtre qui, comme le roman, n’a pas d’origine assignable dans la tradition classique ce qui laisse ouvert tout le champ des possibles. Mercier s’est émancipé de la référence exclusive au domaine français en devenant, comme il aime à le dire, « Mercier l’européen ». Il est vrai qu’il regarde à la fois du côté de l’Angleterre où Shakespeare lui paraît donner l’exemple par excellence de l’écrivain original, et de l’Allemagne où Schiller est un moment son alter ego. Mais cette édition du théâtre complet permet aussi de comprendre en quoi Mercier est l’héritier de Diderot et comment toutes les innovations qu’il a suggérées et souvent mises en oeuvre lui-même ont permis l’invention d’un nouvel espace théâtral.
Jean-Claude Bonnet, directeur de recherche au CNRS, a dirigé la réédition de la plupart des œuvres de L. S. Mercier. Il est, par ailleurs, un spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle et plus particulièrement de Diderot.
Jean-Claude Bonnet, directeur de recherche au CNRS, a dirigé la réédition de la plupart des œuvres de L. S. Mercier. Il est, par ailleurs, un spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle et plus particulièrement de Diderot.